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paroisse, et à finir par ces universités qui appelaient jusqu’à quarante mille écoliers autour des chaires de leurs docteurs. Elle avait enfin le patronage des arts et la conduite de ces travaux immenses qui couvrirent l’Europe de monuments, qui firent en quelque sorte l’éducation du génie moderne, en même temps qu’ils nourrissaient ces générations de tailleurs de pierre, de maçons, d’ouvriers de toute sorte qui furent nos pères. Ainsi l’Église arrachait une partie des choses terrestres à l’égoïsme de la propriété individuelle, pour les mettre au service du bien public. Et c’est la pensée expresse des canons « que la terre ne fut partagée qu’après avoir été maudite, et que, purifiée par la Rédemption, il faut qu’elle rentre, autant que possible, dans la communauté primitive[1]. »

Mais la communauté primitive du paradis terrestre, comme celle de Jérusalem, était un idéal trop élevé pour que la sagesse pratique du christianisme espérât jamais en faire la loi commune du genre humain. Le clergé séculier était lui-même plus près de terre, plus mêlé aux intérêts, aux passions de la foule, qu’il ne fallait pour le maintenir dans une condition si difficile. La loi religieuse qui lui interdit le mariage n’osa pas lui interdire la propriété. Mais le Christianisme, ne pouvant renoncer à cette perfection dont la pensée le poursuivait, avait

  1. Gratianus, Decretum, causa, 12