Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/23

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La légende a ses raisons en faisant remonter dans la nuit des temps la généalogie de ses héros, elle cherche à les affranchir de la suzeraineté des rois. Elle personnifie ainsi l’antique rivalité du comté de Castille et du royaume de Léon. L’histoire de ces temps obscurs laisse voir les princes de Léon étendant jusqu’à Burgos une autorité mal affermie. Mais la légende prend soin de leur en faire trancher les nœuds par un crime ; Ordoño II invite à une fête les chefs des Castillans et les met à mort. Le peuple soulevé abjure les rois et se donne des juges. Nuño de Rasura et Laïn Calvo jugent dans Burgos, comme autrefois Josué et Gédéon dans Israël. On ne sait rien de leur gouvernement. Mais comment douter de leur existence, quand on vous aura montré, dans une des salles de l’Ayuntamiento, la chaise de bois, basse et sans ornement, d’où ils prononçaient leurs sentences selon les fueros de la nation[1] ?

Un monument plus considérable, mais d’un moindre caractère, marque le lieu où fut la maison de Fernan Gonzalez. Qui croirait que Philippe II, l’ombrageux monarque, érigea cet arc de triomphe en l’honneur du grand comte de Castille qu’on voit souvent armé contre les infidèles, mais toujours l’épée au poing contre les rois ? Il est chanté dans

  1. Ici et pour ce qui va suivre, je consulte souvent une récente et instructive notice, Apunte sobre Burgos, publiée dans cette ville avec des illustrations qui ne manquent ni de goût ni de fidélité.