Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

familles des déportés, c’est-à-dire près de quatre mille personnes, vous pressent de les rejoindre à leurs chefs, et de les arracher à ces faubourgs où elles ne donnent que le dangereux spectacle de leur détresse et de leur ressentiment. Une pétition signée de vingt mille hommes vous supplie de les former en colonies agricoles pour l’Algérie. Les landes de Bretagne et les terres incultes du midi de la France vous demandent cent mille bras qui, retirés de l’industrie, feraient autant de concurrents de moins aux ateliers encombrés, et donneraient autant de défenseurs à la propriété combattue. Nous n’ignorons ni les obstacles, ni les rivalités, ni les imperfections qui arrêtent, chaque projet et qui éternisent les débats. Mais nous n’avons jamais vu que les grands pouvoirs fussent institués pour des circonstances faciles ; nous estimons que les rivalités d’amour-propre doivent s’effacer devant le besoin public, et qu’enfin mieux vaut faire imparfaitement que ne rien faire.

Ne dites pas que le temps vous manque. Sous les fusillades de l’insurrection, l’Assemblée nationale demandait à la nuit les heures que lui refusait le jour. On vous voyait à toutes les barricades, haranguant les factieux, encourageant les défenseurs de l’ordre, et l’histoire n’oubliera ni ceux d’entre vous qui y perdirent la vie, ni ceux qui la sauvèrent à leurs concitoyens. Pourquoi ne vous voit-on pas où est le péril du moment présent ? Pourquoi n’ar-