Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/271

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d’une littérature dont le cynisme révolterait la chasteté du parterre de l'Opéra. Et, quand pendant six mois la jeunesse des classes laborieuses a prolongé ses soirées et passé ses nuits dans ces antres enfumés où sa santé court autant de périls que ses mœurs, vous vous étonnez de l’en voir sortir étiolée, chétive, incapable de fournir le contingent militaire, et peuplant chaque année de recrues plus nombreuses les hôpitaux et les prisons ! Ne pensons pas nous être acquittés envers le peuple si nous lui avons appris à lire, à écrire, à compter et encore nos écoles insuffisantes repoussent elles la moitié de ses enfants. Quand il s’agissait d’écraser les derniers restes de l’insurrection, nous n’avions besoin ni de délais ni de formalités pour dresser vingt camps sur les boulevards de Paris, sur les esplanades, et jusqu’au pied de l’Hôtel de Ville. Mais, au bout de quatre mois, quand le douzième arrondissement compte quatre mille enfants sans asile, quand la charité particulière, touchée de ce dénûment, fait les derniers efforts pour leur ouvrir des écoles qui seraient les camps pacifiques de la civilisation, ce n’est pas assez de six semaines de démarches, d’ajournements et de débats pour vaincre les conflits et les scrupules de je ne sais combien de conseils, de comités et d’administrations, effrayés d’une nouveauté si grande, et qui craignent la ruine de l’Etat, si l’instruction des jeunes ouvriers se trouve livrée à des sœurs, à des frères, à