Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/334

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la société se demanda compte des idées qu’elle avait reçues, elle aussi eut son époque de doute et d’examen, et, comme cet examen se pouvait faire de plus d’une manière, il était naturel qu’ici il fût sagement borné, et là excessif ; que les uns, après avoir fait table rase de leurs croyances, tombassent dans le découragement, qui en est la suite, tandis que d’autres marcheraient de toutes leurs forces dans les routes de la science pour parvenir à la vérité. Ces considérations, qu’on ne doit point regarder comme une pure hypothèse, puisqu’elles reposent sur l’étude de l’esprit humain, expliquent tout ce qui s’est passé depuis trois cents ans le protestantisme du seizième siècle, l’incrédulité du dix-huitième, les doctrines égoïstes d’Helvétius et de Diderot, et les saturnales impies de 95.

Mais, de plus, ce système rend raison de la tendance religieuse des travaux scientifiques actuels, et de la direction nouvelle qu’ont prise depuis quelque temps la philosophie, l’histoire et la littérature. Le temps n’est plus où l’athéisme était de mode, où l’épicurisme passait pour le sceau des esprits forts du fond de l’abîme, l’esprit humain a jeté un long regard vers la lumière, il a secoué ses ailes, il s’est élevé à des pensées morales, platoniques et chrétiennes. Des génies puissants, partis chacun d’une sphère d’idées particulières, sont arrivés au même résultat MM. de Maistre, de Bonald et Cousin ont fait suc-