Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/343

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Voilà un rapide abrègé de la doctrine saint-simonienne, présentée dans son plus beau jour. Avant de descendre à un examen approfondi, se présentent quelques réflexions préliminaires. Les promesses du philosophe moderne sont celles de l’Homme-Dieu lui aussi proclama ce principe, A CHACUN SELON SES ŒUVRES; lui aussi prêcha une belle association, dont tous les hommes sont appelés à devenir membres ; lui aussi vint détruire l’esclavage, promettre la paix et le bonheur. Mais Jésus annonçait à ses disciples bonheur, paix et justice, non point dans la vie matérielle ; il connaissait trop bien la destinée de l’homme sur la terre, les vicissitudes de la fortune, les orages des passions. Saint-Simon n’apporte point de nouvelles paroles ; il prétend seulement déplacer nos antiques espérances. Il transporte l’idée du bonheur hors de la sphère spirituelle c’est une félicité palpable, pour ainsi dire, qu’il veut préparer à l’homme, c’est ici bas qu’il pense lui faire placer son trésor. Le cœur humain trouverait-il à gagner à un pareil changement ? Qu’il rentre en lui-même et qu’il réponde !

Et c’est lorsqu’on a jeté un voile sur les visions sacrées du Christianisme pour mettre à leur place une grossière et fugitive prospérité, c’est lorsqu’on prétend abaisser pour jamais vers la terre ces regards d’espérance que l’homme élève vers les cieux,