Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/406

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et du quadrivium se séparaient de la foule, montaient sur leurs observatoires, se penchaient sur leurs creusets enfumés, comptant rencontrer soudainement dans les cieux ou dans les entrailles de la terre quelque mystérieux levier capable de remuer les mondes. De là l’astrologie, l’alchimie et la magie elle-même ; car ce qu’elles ne trouvaient ni sur la terre ni au ciel, des âmes exaltées purent bien dans leur délire le chercher aux enfers. Toutes ces aberrations venaient d’une même cause. L’intelligence de l’homme est impérieuse, ses désirs sont impatients parce qu’ils sont immenses ; les obstacles l’irritent, les lenteurs de la science la désolent elle cherche incessamment quelque moyen, non de soulever, mais de déchirer le rideau, et d’embrasser tout d’un coup la vérité tout entière. Il semble qu’elle se souvienne d’un temps où elle n’avait qu’à vouloir pour connaître. C’est un aigle qui s’est brisé les ailes en tombant de son aire : il pourrait y remonter de rocher en rocher mais il ne sait pas se servir de ses serres pour marcher, elles ne sont faites que pour étreindre  : il voudrait reprendre son vol et s’élancer d’un seul essor ; mais ses ailes lui manquent, et toujours il retombe. Cet état de choses approchait de sa fin. La chute de Constantinople avait amené l’ère de la renaissance l’Italie l’avait saluée la première. Platon, appelé par Pétrarque, introduit à Rome par Bessarion, accueilli à Florence par Marsile Ficin et