Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/429

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voulait séparer donnèrent l’exemple d’une assez glorieuse alliance en la personne de Descartes, de Leibnitz et de Pascal.

Rarement l’auteur d’une doctrine en prévoit toutes les conséquences : il signale les idées qui passent à flots pressés devant son esprit, mais il n’a pas le temps d’en suivre le cours ; homme à imagination puissante, aux larges vues, à la parole inspirée, il dédaigne de s’asservir à des formes systématiques, il envisage toute chose sous plusieurs aspects, il se répète souvent, il se contredit quelquefois. Quand il n’est plus, ses disciples se présentent pour recueillir son héritage ; mais ils le recueillent leur manière. Ils choisissent parmi les enseignements du maître ce qu’ils ont le mieux compris ou ce qui leur plaît davantage, ils le réduisent en système, et des prémisses ainsi modifiées ils font sortir des conséquences nouvelles. Tel fut le sort des doctrines de Bacon. L’école sensualiste se forma, elle appliqua aux sciences morales la méthode du Novum Organum , elle regarda la conscience et la tradition comme ces Idola tribus que le genre humain conserve dans un superstitieux respect. Elle fit de la sensation le principe de toute connaissance ; et, comme la sensation ne rend témoignage que des phénomènes du monde visible, elle cessa de croire aux choses invisibles, c’est-à-dire à Dieu et à l’immortalité. Les diverses régions de l’intelligence furent divisées. Au lieu