Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/451

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peut dire encore « Vantez-vous avec audace, toujours quelque chose en demeurera dans l’opinion de vos auditeurs. » Il n’est point rare de rencontrer des esprits solides qui sont punis d’une discrétion trop scrupuleuse, et qui, faute de vent, ne font point voile sur la mer de ce monde. On ne doit pas mettre moins d’art et d’importance à cacher ses défauts, ses malheurs, ses injures. Pour dérober ses défauts à la censure publique on peut employer une triple industrie les précautions, les prétextes et les aveux. Les précautions sont innombrables l’usage des prétextes doit être soumis à cette règle qu’un poète a ingénieusement tracée Saepe latet vitium proximitate boni. Si donc nous avons remarqué en nous quelque vice, cachons-le sous le masque et le manteau de la vertu voisine la lenteur s’appellera gravité, la faiblesse se nommera douceur. Il est utile encore, eh embrassant quelque entreprise, de répandre le bruit qu’on a des raisons pour ne pas faire les derniers efforts et n’employer qu’une partie de ses ressources ; ainsi passera-t-on pour n’avoir point voulu, alors qu’on n’aura point pu. L’aveu hardi d’un défaut qui ne peut se cacher est un remède peu délicat, mais d’une efficacité souveraine. Celui qui professe un mépris absolu pour les qualités qui lui manquent ressemble aux marchands habiles qui ont coutume d’exalter la valeur de leurs marchandises et de déprécier celles de leurs concurrents. Le comble