Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/477

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vestiture[1]. Mais toute leur violence venait se briser contre la chaire des archevêques primats de Cantorbéry. Les grands hommes qui l’occupèrent tour a tour, entre autres Lanfranc et saint Anselme, osèrent résister en face à ces monarques normands, à ces orgueilleux descendants des rois de la mer devant lesquels tout genou fléchissait. Instruit et encouragé par cet exemple, le clergé anglais avait profité des troubles du règne d’Étienne pour raffermir son indépendance ; et Henri II, en prenant le sceptre sur l’autel de Westminster, avait dû prêter serment de respecter les immunités de l’Église. Or le caractère du prince était une faible garantie de la valeur de ses promesses. C’était un esprit élevé, riche de connaissances, éloquent dans ses discours prompt, courageux, infatigable dans l’action. Mais sa volonté était altière, impatiente, ses colères subites et impitoyables comme la foudre, ses ressentiments éternels. Sous les dehors d’une nature ardente il cachait une habileté froide et calculatrice qui savait trouver le chemin des consciences d’autrui et échapper à tout ce qui aurait pu engager la sienne. Religion, justice, hon-

  1. ) Voyez Lingard, Histoire d'Angleterre, tome II. On peut ajouter que, durant les schismes qui divisèrent la chrétienté Guillaume le Conquérant et Guillaume le Roux défendirent à leurs évêques de décider entre les compétiteurs du saint-siége, afin de prolonger par là la vacance des bénéfices dont le trésor percevait les fruits. Les malheurs de S. Anselme de Cantorbéry, sa vieillesse persécutée, son exil à Lyon, sont des choses assez illustres.