Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et un ange, apparaissant au roi, le menace des derniers châtiments. Peu de temps après, toutes les gorges de la Sierra Morena vomissaient des torrents d’infidèles sur la Castille, et l’armée chrétienne succombait à Alarcos (1195). La tradition veut qu’Alfonse, enfin repentant, ait fondé le monastère de las Huelgas ; dix-sept ans plus tard, Dieu l’en récompensa par la victoire de las Navas de Tolosa (1212). Alors les trois rois de Castille, d’Aragon et de Navarre réunirent leurs armes ; et le monde chrétien, averti parle Souverain Pontife, se tint en prières. Alors le Ciel intervint un inconnu, qui fut pris pour un ange, indiqua aux chrétiens des chemins ignorés de l’ennemi ; une croix lumineuse parut dans les airs, pendant que les évêques exhortaient les soldats. Deux cent mille mécréants mordirent la poussière. Cependant leur chef, l’émir Amsir, que les Espagnols appellent le Miramolin, se tenait dans son camp, assis sur un bouclier, couvert d’un manteau noir, ayant une main sur son cimeterre, l’autre sur l’écrin d’or enrichi de pierreries, où il gardait son Alcoran. Or l’émir demeurait impassible, sans donner aucun ordre, et sans dire autre chose que ces mots « Dieu « seul est vrai, et Satan est perfide. » En ce moment un Arabe lui amena une jument, l’émir monta la jument, et l’Arabe son cheval, et ils s’enfuirent, enveloppés dans le nuage de ceux qui fuyaient. L’infidèle laissa aux vainqueurs son