Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/529

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du schisme. La ligue lombarde avait affranchi l’Italie du joug impérial. Et dans un concile tenu à Saint-Jean de Latran, le pape avait excommunié Frédéric I° et délié ses sujets du serment de fidélité. Henri fut averti que la pourpre ne le mettrait point à l’abri du glaive spirituel. S’il comptait sur la servilité de l’Angleterre, il avait tout à redouter pour ses possessions de Normandie, d’Anjou et d’Aquitaine, qui dans leurs rapports étroits avec le royaume de France conservaient les traditions de fidélité du pays très-chrétien. Il trembla donc à son tour, et, après d’inutiles tergiversations, il consentit à une réconciliation officielle.

Elle eut lieu à Freitville, non loin des frontières de la Touraine, le jour de sainte Madeleine : c’était la fête du repentir, en l’an 1171. Le rendez-vous était dans une prairie très-agréable, que les gens du pays nommaient le Champ des Traîtres. Là se trouva réunie une grande assemblée de nobles personnages. Aussitôt que l’archevêque parut, Henri courut à sa rencontre et tous deux, à cheval comme ils étaient, se promenèrent quelque temps ensemble à l’écart. L’archevêque exprima le vœu d’être reçu dans les bonnes grâces du roi et de pouvoir retourner en paix dans son diocèse ; il demanda la restitution des biens de son Église et la liberté d’exercer les censures ecclésiastiques contre ceux qui avaient usurpé sa prérogative en couronnant le jeune prince héritier du trône. Le roi lui