Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/541

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Tandis que l’invincible apothéose du martyr était manifestée aux hommes par une effusion de grâce et de bénédictions, la présence d’un génie infernal sembla se révéler dans la maison de ses persécuteurs. On put contempler alors quelque chose de pareil à ces furies vengeresses que l’antiquité avait vues s’attacher aux familles criminelles des Œdipe et des Atrée. Le roi d’Angleterre déshonorait sa vieillesse dans de honteuses débauches. Éléonore, sa perfide épouse, qu’il avait reçue sortant toute souillée d’adultère de la couche du roi de France, conçut contre lui une jalousie mortelle, forma ses fils au parricide, et, disparaissant tout à coup, leur donna le signal. A la tête de la rébellion était ce fils aîné, dont le couronnement s’était fait en haine de l’archevêque, et qui maintenant arguait de cet acte pour réclamer le trône. Henri, entouré de trahisons, s’effraya : il alla, dépouillé de ses ornements royaux, s’agenouiller devant les reliques de sa victime, et recevoir sur ses épaules superbes les coups de verge des moines. Quelque temps suspendue, la guerre domestique recommença bientôt. Le fils aîné et le troisième fils de Henri moururent dans leur révolte. Richard, son héritier présomptif, lui trouva la vie trop longue et s’arma contre lui et quand ce père infortuné, forcé d’accepter la paix, demanda la liste des conjurés, le premier nom qu’il y lut fut celui de Jean sans Terre, le plus jeune et le plus aimé de ses fils, et qu’il