Page:Péguy - De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne, 1906.djvu/17

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accordé un postulat, qui par un singulier retournement se trouve être précisément celui-ci : que l’histoire, laïque, moderne, a une importance, une vérité, absolue, une réalité, métaphysique, une primauté, une suprématie, une primatie, un primat, un principat et Renan comme prince des historiens toute une principauté de gouvernement absolu que dans nos recherches présentes et ultérieures nous verrons justement qu’ils n’ont point.

Et ce n’est peut-être pas la première, mais assurément ce ne sera pas la seule fois que nous rencontrerons, tout au courant de ces longues recherches, que l’Église moderne a dans ces débats une situation beaucoup plus moderne que chrétienne, quelquefois toute moderne, et nullement chrétienne, et que là est tout le secret de sa faiblesse présente.

Je maintiens qu’allant plus loin, au moins dans le sens du social, un véritable catholique, véritablement croyant, généralement un véritable chrétien, — car il y a aussi ce que je me permettrai aussi de nommer la politique de Pascal, — serait beaucoup plus fondé à reprocher à l’Église d’avoir eu pour ce même Renan, d’avoir montré, d’avoir manifesté pour ce même Renan, outre tous les effets de cette politique de Néarque, beaucoup trop de ce respect que dans les temps modernes au moins, et peut-être dans tous les temps, elle n’a jamais cessé d’avoir pour les puissances temporelles.

Ou plutôt et ensemble et sans même les séparer beaucoup, Renan était pour elle et une puissance intellectuelle, et une puissance temporelle ; et une principauté