Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/36

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le mystère

��O nuit tu n'avais pas eu besoin d'aller demander la

permission à Pilate. C'est pourquoi je t'aime et je te

salue. Et entre toutes je te glorifie et entre toutes tu me

glorifies Et tu me fais honneur et gloire Car tu obtiens quelquefois ce qu'il y a de plus difficile

au monde, Le désistement de l'homme. L'abandonnement de l'homme entr^ mes mains. Je connais bien l'homme. C'est moi qui l'ai fait. C'est

un drôle d'être. Car en lui joue cette liberté qui est le mystère des

mystères. On peut encore lui demander beaucoup. Il n'est pas

trop mauvais. Il ne faut pas dire qu'il est mauvais. Quand on sait le prendre, on peut encore lui demander

beaucoup. Lui faire rendre beaucoup. Et Dieu sait si ma grâce Sait le prendre, si avec ma grâce Je sais le prendre. Si ma grâce est insidieuse, habile

comme un voleur. Et comme un homme qui chasse le renard. Je sais le prendre. C'est mon métier. Et cette liberté

même est ma création.

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