Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DES SAINTS INNOCENTS

Or ces douces colombes sous leurs ailes, Ces blanches colombes familières, ces colombes dans la main, Ces humbles colombes couchées au ras de la main. Ces colombes accoutumées à la main, Ces caravelles vêtues de voilures De tous les vaisseaux ce sont les plus opportunes, C'est-à-dire celles qui se présentent le plus directement devant le port.

Telle est la deuxième flotte, ce sont les prières de la Vierge. Et la troisième flotte ce sont les autres innombrables prières. Toutes. Celles qui se disent à la messe et aux vêpres. Et au salut. Et les prières des moines qui marquent toutes les heures du jour. Et les heures de la nuit. Et le Benedicite qui se dit pour se mettre à table. Devant une bonne soupière fumante. Toutes, enfin toutes. Et il n'en reste plus.

Or je vois la quatrième flotte. Je vois la flotte invisible. Et ce sont toutes les prières qui ne sont pas même dites, les paroles qui ne sont pas prononcées. Mais moi je les entends. Ces obscurs mouvements du cœur, les obscurs bons mouvements, les secrets bons mouvements.

57 .