Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DES SAINTS INNOCENTS

��Et dans une chambre de malade. Mais la liberté

Est ce grand air que l'on respire dans une belle vallée

Et encore plus à flanc de coteau et encore plus sur un

large plateau bien aéré. Or il y a un certain goût de l'air pur et du grand air Qui fait les hommes forts, im certain goût de santé, D'une pleine santé, virile, qui fait paraître tout autre

air Enfermé, malade, confiné. Celui-là seul qui vit au grand air A la peau assez cuite et l'œil assez profond et le sang

de sa race. Ainsi celui-là seul qui vit à la grande liberté A la peau assez cuite et l'âme assez profonde et le sang

de ma grâce. Que ne ferait-on pas pour être aimé par de tels

hommes. Comme ils sont francs entre eux, ainsi ils sont francs

avec moi. Comme ils se disent la vérité entre eux, ainsi ils me

disent la vérité à moi. Et comme le baron n'a point peur de contrarier le roi et

le saint même, (Qu'il aime tant, qu'il estime à son prix, pour qui il se

ferait tuer), Ainsi je l'avoue ils n'ont quelquefois pas peur de me

contrarier. Moi le roi, moi le saint. Mais quand ils m'aiment, ils

m'aiment. Ils m'estiment mon prix. Ils se feraient tuer pour moi. J'en ai pour garant même leur âpre liberté.

��11

�� �