Page:Péguy - Notre jeunesse, 1910.djvu/134

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de citer. Je ne peux pourtant pas citer toute cette admirable consultation, citer tout un cahier dans un cahier, refaire les cahiers dans les cahiers, mettre tout le III-21 dans le XI-12.

Voilà l’homme, voilà l’ami que nous avons perdu. Pour un tel homme nous ne ferons jamais une apologie, nous ne souffrirons jamais qu’on en fasse une.

Ce sont de tels hommes qui comptent, et qui comptent seuls. C’est nous qui comptons, seuls. Non seulement les autres n’ont point à parler pour nous. Mais c’est nous qui avons à parler, pour tout.

Il fut un héros et en outre il eut de grandes parties de sainteté. Et avec lui nous fûmes, obscurément, des héros.

Comment ne pas noter dans les quelques mots que nous avons cités, dans ces quelques phrases seulement que nous avons rapportées, je ne me retiens pas de noter non pas seulement ce sens de la liberté, et cette aisance dans la liberté, dans le maniement de la liberté, mais ce sens beaucoup plus curieux, beaucoup plus imprévu, apparemment plus imprévu, de la théologie, cet avertissement de la théologie. Instantanément il la voyait poindre partout où en effet elle point, elle-même ou quelque imitation, quelque contrefaçon, elle-même ou contrefaite.

Comment ne pas noter aussi son exact, son parfait, son réel internationalisme, Israël excepté, l’exactitude, l’aisance, l’allant de soi de son internationalisme, qui était beaucoup trop simple, beaucoup trop naturel, nullement appris, nullement forcé, nullement livresque, beaucoup trop aisé, beaucoup trop allant de soi pour jamais