Page:Péguy - Notre jeunesse, 1910.djvu/178

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encore. Mais ils seraient des grands tyrans, des tyrans considérables, des maîtres, des réalistes. Tout ce que précisément nous leur nions. Ils seraient des tyrans comme Richelieu et Napoléon. Ils baigneraient, ils tremperaient, ils commanderaient dans la réalité.

On nous abuse beaucoup, les historiens, sur la valeur des préparations historiques. En 1870 même, au mois d’août, si une armée française, comme elle était, avait été remise aux mains d’un Napoléon Bonaparte, tous les tiroirs et toutes les préparations, toutes les fiches et tous les registres d’un de Moltke seraient aujourd’hui la risée des historiens mêmes.

Ils commettent une erreur du même ordre, plus qu’une erreur analogue, une erreur inverse et parallèle quand ils nous nomment le parti de l’étranger. Ils reportent sur nous les abusements de Hervé. Ou plutôt ils commettent une erreur parallèle et non point de sens contraire, mais de même sens, car en un sens Hervé est lui aussi un profiteur. Il est un parasite. Il est même un parasite de nous. Sur ce point particulier c’est encore nous qui avons été des fondateurs, les fondateurs, et c’est Hervé qui en un sens a été un profiteur. Il n’eût point atteint en quelques jours, en quarante-huit heures, cette sorte non pas seulement de réputation, de célébrité, mais de gloire propre qu’il a