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toute raison ; et la violence, ô Dieux vous qui la haïssez, voyez-la pour la punir. » Je me mets sous la protection de l’opinion publique, trouverai-je pas un Pelasgos parmi mes lecteurs ? Je donne rendez-vous à la Civilisation devant la prochaine affiche blanche ; on verra l’auteur de la Décadence latine, crier « à l’assassin » et l’assassin ce sera la France !

Général des livres que j’ai lus, connétable de ceux que j’ai faits, je n’accepterai le métier militaire que lorsque l’état-major acceptera le mien : et puis qu’il m’égale, je lui répète le défi de finir la phrase inachevée. Je suis de l’armée de la langue, je ne veux pas être opprimé par l’armée du sol.

Devant l’Occident et devant l’avenir j’accuse la France de m’avoir emprisonné sans jugement, torturé, insulté ; de m’avoir mis en danger de mort et en impuissance de travail, pendant trois mois.

Devant l’Occident et devant l’avenir, j’accuse la France de me livrer à l’armée, sans que je puisse en appeler à un tribunal de ce qui m’est fait ; je l’accuse de me traiter comme un voleur puisque je suis en surveillance et comme ennemi puisqu’elle me jette dans ses prisons de torture et qu’elle me vise de ses deux millions de fusil.

On a chassé ceux qui prient ; on veut exterminer ceux qui pensent ; eh bien que vos canons tonnent et que vos baïonnettes luisent ! ils ne couvriront pas l’anathème que je lance ; elles n’effaceront pas ces paroles que j’écris sur le mur de « cette caserne philosophique où nous vivons depuis quatre-vingts ans : »

CUR TEUTONICA ?

JAM BARBARIA ET GALLIA.


Joséphin Péladan.

Directeur littéraire : ALBERT de NOCÉE, Bruxelles, 69, rue Stévin, 69.