Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/181

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Joyeuse, elle l’attire par les épaules, ses yeux brillent :

— Aux autres fois, j’étais folle ; je n’aurais pas voulu tant d’enfants ; oh oui ! toute folle que je te dis ! nos enfants nous sauveront ; ils nous arracheront de ce creux-de-maison que je hais tant. Pense donc ! six ! Toi, tu n’auras qu’à commander ; on en remuera de la terre, avec tout ce monde !

— En attendant c’est de la misère pour toi, toujours plus de misère.

— Qu’est-ce que ça fait, puisque nous en sortirons un jour ? Et n’y suis-je pas habituée à la misère ? Je tiendrai bien encore cinq ans.

Séverin résiste encore ; il ne croit pas le bonheur possible.

— Cinq ans ! c’est long, qui sait ? nous avons le temps de voir bien des choses.

Mais elle le secoue vivement :

— Encore tes idées de malheur ! Ce n’est pas le jour. Fais ta barbe que je t’embrasse. Nous irons en Charente et nous aurons une terre, une grande terre !