Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/241

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Il se hâtait dans la nuit vite épaissie. Comme il avait plu toute la semaine, les chemins de traverse étaient mauvais ; il était obligé de suivre la route, ce qui le retardait bien de dix minutes. Cette route était la route du bourg, celle qui passait devant le logis des Magnon. Séverin ne s’était jamais retrouvé en face du propriétaire du Pâtis ; celui-ci l’évitait prudemment et ses fils eux-mêmes étaient soudain pressés de rentrer quand ils apercevaient à la brune la haute silhouette du valet des Bordager. Séverin s’amusait de cette poltronnerie ; il était bien loin de songer à faire un mauvais coup.

Quand il arriva devant la villa, des chiens aboyèrent prés de la grille ; il entendit des voix et des bruits de vaisselle.

— On soupe là, pensa-t-il ; le gros Magnon est plus tranquille derrière ses volets qu’il ne le serait à cette heure à vingt pas devant moi.

Tout à coup, Séverin aperçut au beau milieu de la route une sorte de boule sombre. Ce devait être un petit chien couché en rond ou peut-être une bûche. Il avança son sabot ; à sa vive surprise, une poule se leva effrayée et alla s’accroupir un peu plus loin, sur la route encore.

C’était sans doute une poule de redevance que des fermiers avaient apportée dans la journée et qui, le soir venu, s’était fourvoyée.

Quand Séverin fut de nouveau près d’elle, elle se leva encore et, tout ahurie, alla se blottir au pied d’un échalier, la tête passée entre deux barreaux. Il la suivit, se baissa, avança la main ; la poule se sentant