Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/51

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ils suivaient les haies jusqu’au recoin secret où ils avaient coutume de s’asseoir sur des fougères fraîches. Quand elle était de garde, elle allait l’attendre dans la sapinière de Jolimont, sous les branches retombantes ; de fines aiguilles y feutraient la terre sèche et leur faisaient un lit bien uni. Le vent brasillait à peine dans les rameaux ; l’été accablait les champs, pesait sur les feuilles, inclinait les herbes frêles à la tête fleurie. Eux haletaient. Elle le ceinturait comme une lutteuse, lui ployait le buste, le renversait, l’écrasait. Elle le rouait de caresses. Il avait au retour les lèvres brûlées et les côtes douloureuses. Un grand dégoût lui venait parfois à ce moment-là et il se promettait de ne pas aller au prochain rendez-vous. Il y allait néanmoins.

Il craignait surtout d’être surpris avec Marichette. Il lui était arrivé comme aux autres jeunes gars de se vanter d’amours imaginaires et certes, il aurait bien avoué un ou deux rendez-vous avec cette fille ; mais, qu’on le soupçonnât d’avoir été son bon ami tout un été, et de l’être encore, et de ne pas savoir comment se détacher de ses jupes, non, il ne pouvait se faire à cette idée-là.

Cela arriva, pourtant. La Marichette, elle, n’était point réservée et ne se cachait guère. On n’eut pas de peine à savoir qu’elle avait enjôlé le valet des Marandières. Or, les nouvelles de cette sorte courent vite ; on en glosa au bourg entre jeunes gens.

Un dimanche de septembre, comme Séverin, après une courte partie de boules revenait au village, il aperçut Delphine qui arrivait en sens inverse. Elle lui sem-