Page:Padoa - La Logique déductive dans sa dernière phase de développement.djvu/16

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vocabulaires n’est pas si aisé à exécuter que d’abord on aurait pu le croire.

Au contraire, il est parmi les plus ardus, exigeant une connaissance, scientifique aussi bien que littéraire, profonde et bien assurée, de la signification de chaque mot : signification qui à l’examen attentif d’un esprit exercé se révèle, pour la plupart des mots, si variable qu’il devient très difficile de la saisir et de la fixer, chaque fois, avec une précision irréprochable.

Et une difficulté encore plus grande nous est présentée par l’analyse des mots qui expriment les concepts fondamentaux moyennant lesquels une certaine branche du savoir se sépare du grand tronc des connaissances communes ; car, peu à peu, le langage ordinaire absorbe et défigure la partie élémentaire des terminologies spéciales.

Or, celui — qui aura persévéré en cette diligente analyse du langage ordinaire jusqu’à l’accomplir, au moins par rapport à une science déterminée, et voudra en faire recueillir les fruits par ceux qui n’ont ni le temps ni la patience de parcourir, pas à pas, un chemin si pénible — reconnaîtra que ce même langage qu’il vient d’analyser est incapable d’exprimer avec précision les résultats de ses subtiles recherches.


Idéographie des algébristes

8. Ces défauts du langage ordinaire furent remarqués et éliminés, pour la plupart, par les algébristes, qui, au moins dans les parties essentielles de leurs écrits, les remplacèrent, peu à peu, par une idéographie spéciale : c’est-à-dire par une écriture conventionnelle dans laquelle à chaque symbole on fait correspondre une idée, par une coordination immédiate de l’esprit.

Les symboles, précisément parce qu’ils sont étrangers à tout langage naturel, sont universels et ne demandent aucune traduction ; ils n’exigent pas même de lecture. Cependant, chacun peut les lire par les locutions les plus appropriées qu’il trouve dans sa langue ; mais, au lieu d’inférer la signification d’un signe de sa lecture, c’est celle-ci qui doit être adaptée, le mieux possible, à la signification du symbole ; et cette signification doit résulter seulement de l’emploi qu’on peut faire de ce signe.