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traordinaire, qu’en me souvenant que le même imprimeur m’avoit offert mille liv. sterling si je voulois lui livrer mon manuscrit entier ; ce que j’avois refusé de faire, parce qu’il n’étoit pas dans mes principes, de mettre quelqu’un à même de supprimer & d’altérer mes idées, ou de les vendre, s’il vouloit, comme une chose de trafic, à un ministre ou à quelqu’autre personne.

Le refus de mon imprimeur de terminer l’ouvrage qu’il avoit commencé, ne pouvant pas l’acheter, me força d’en chercher un autre : & c’est-là la cause qui en a retardé la publication jusqu’après la rentrée du parlement. Sans cela elle l’eut certainement précédée ; & alors il auroit paru évident que M. Pitt n’avoit pris qu’une partie d’un plan que j’avois pleinement développé.

Si M. Pitt, ou quelqu’autre de sa part, a vu mon ouvrage ou une partie, c’est ce dont je ne suis pas assez certain pour l’assurer.

Mais on ne pourra s’empêcher de le soupçonner, si l’on fait attention à la manière dont l’imprimeur m’a renvoyé mon manuscrit, au temps qu’il a choisi pour le faire & aux propositions qu’il m’avoit faites. Je sais ce que peuvent en penser les libraires, les éditeurs, & tous ceux qui sont au courant de ce genre d’affaires. Pour moi, je préfère, néanmoins, de ne point en dire mon avis, parce qu’il est bien des manières, pour les hommes qui ont de l’intrigue & de l’argent, de se procurer la connoissance des feuilles d’un ouvrage, avant qu’il paroisse.

Je sais, par exemple, qu’un libraire ministériel, qui demeure dans Picadilly, & qui a été employé par un commis des conseils du commerce & colonies, dont Hawksbury est président. Je sais que ce libraire étoit employé, par ce commis, pour publier ce qu’il appelle ma vie ; je souhaite que la