Page:Palante - La Sensibilité individualiste, Alcan, 1909.djvu/115

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— Que le principe individualiste et le principe humaniste se nient l’un l’autre, c’est ce que prouvent à l’évidence la logique et les faits. Ou le principe individualiste ne signifie rien, ou il est une revendication en faveur de ce qu’il peut y avoir de divers et d’inégal chez les individus, en faveur des traits qui les différencient, les séparent et au besoin les opposent. L’humanisme au contraire, vise à l’assimilation de l’espèce humaine. Son idéal est, suivant l’expression de M. Gide, de faire de cette expression : « nos semblables » une réalité. En fait, nous voyons à l’heure actuelle l’antagonisme des deux principes s’affirmer chez les théoriciens les plus pénétrants de l’anarchisme, et cet antagonisme logique et nécessaire ne peut manquer d’amener la désagrégation de l’anarchisme comme doctrine politique et sociale[1].

Quoi qu’il en soit et quelques difficultés que puisse rencontrer celui qui voudrait concilier le principe individualiste et le principe humaniste, ces deux principes rivaux et ennemis se rencontrent du moins sur ce point qu’ils sont tous deux nettement optimistes. — Optimiste, le principe de Humboldt l’est en ce qu’il affirme implicitement la bonté originelle

  1. Nous faisons allusion ici à un récent et très intéressant débat entre deux théoriciens de l’anarchisme, MM. Malato et Janvion, dans le journal l’Ennemi du Peuple (1903) et à une série d’articles intitulés Individualisme et Humanisme et écrits par M. Janvion dans ce journal. Le conflit entre l’individualisme et l’humanisme est porté à l’aigu dans ce débat, où M. Janvion, adversaire de l’humanisme, nous semble donner de beaucoup les meilleures raisons.