Page:Palante - La Sensibilité individualiste, Alcan, 1909.djvu/139

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Parmi les individualistes, il en est qui sont particulièrement sévères pour la démocratie. D’autres s’inspirent de M. Bergeret, qui se rallie à elle comme au régime le moins dogmatique et le moins unitaire — « La démocratie, dit M. Bergeret, est encore le régime que je préfère. Tous les liens y sont relâchés, ce qui affaiblit l’État, mais soulage les personnes et procure une certaine facilité de vivre et une liberté que détruisent malheureusement les tyrannies locales. »

À côté de la tactique extérieure qui vient d’être exposée prend place une méthode d’hygiène intellectuelle et morale qui a pour but de maintenir notre indépendance intérieure. Elle pourrait aussi se résumer en ces quelques préceptes :

a. Cultiver en soi le scepticisme social, le dilettantisme social et toutes les attitudes de pensées qui ressortissent à l’individualisme ;

b. Se pénétrer du caractère précaire, fictif[1] et, au fond, facultatif du pacte social et de la nécessité


    d’artiste. Voyant, à tort ou à raison, dans le socialisme montant l’avènement d’une barbarie mortelle à l’individualité et à l’art, il se réfugie, toujours par le même jeu de bascule, dans le parti le plus rigidement conservateur et traditionaliste. — Il convient d’ajouter d’ailleurs que l’attitude individualiste de M. Barrès n’est pas toujours bien nette. S’il semble bien individualiste dans l’Ennemi des lois et Un Homme libre, d’autre part, dans un curieux opuscule intitulé : De Hegel aux cantines du Nord, il semble recommander un véritable anarchisme fédéraliste.

  1. Voir l’article du Dr Toulouse intitulé : le Pacte social (Journal, juillet 1905).