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Page:Palante - La Sensibilité individualiste, Alcan, 1909.djvu/68

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par son mépris de l’intelligence. Le paradoxe de Schopenhauer reste vrai. La femme est surtout une physiologie et une sensibilité, non un cerveau. L’ironie, attitude de cérébral en qui s’affirme le primat de l’intelligence sur le sentiment, lui est suspecte et antipathique. La femme est et reste un être passionné dans sa chair et dans ses nerfs. Or l’ironie glace la passion ; elle est le sourire méphistophélique qui se joue autour de la divinité qui reste le vrai culte de la femme : l’amour.

Ce qui vient d’être dit nous permet de résumer en quelques traits les caractères psychologiques de l’ironie.

Comme nous l’avons dit, l’ironie est une attitude essentiellement pessimiste. L’ironie se fait jour chez ceux en qui s’affirme le sentiment profond des désharmonies cachées sous les harmonies superficielles, dont une certaine philosophie optimiste décore les avenues et les façades de la vie et de la société. Le véritable ironiste est celui qui n’a pas seulement de ces désharmonies une vue théorique et abstraite, mais une expérience directe et une intuition personnelle. Il faut posséder, pour devenir un ironiste, la faculté de s’étonner. L’homme qui ne s’étonne pas, qui n’est pas saisi devant ce qui est plat, vulgaire et bête, de cette stupéfaction douloureuse dont parle Schopenhauer et dont il fait le musagète de la philosophie, celui-là ne sera jamais un ironiste. Un