Page:Palante - La Sensibilité individualiste, Alcan, 1909.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


V

ANARCHISME ET INDIVIDUALISME


Les mots anarchisme et individualisme sont fréquemment employés comme synonymes. Des penseurs, fort différents d’ailleurs les uns des autres, sont qualifiés un peu au hasard tantôt d’anarchistes, tantôt d’individualistes. C’est ainsi que l’on parle indifféremment de l’anarchisme ou de l’individualisme stirnérien, de l’anarchisme ou de l’individualisme nietzschéen, de l’anarchisme ou de l’individualisme barrésien[1], etc. Dans d’autres cas, pourtant, cette identification des deux termes n’est pas regardée comme possible. On dit couramment : l’anarchisme proudhonien, l’anarchisme marxiste, l’anarchisme syndicaliste ; mais on ne dira pas : l’individualisme proudhonien, marxiste, syndicaliste. On parlera bien d’un anarchisme chrétien ou tolstoïen, mais non d’un individualisme chrétien ou tolstoïen.

D’autres fois, on a fondu les deux termes en une seule appellation : l’Individualisme anarchiste. Sous cette rubrique, M. Basch désigne une philosophie

  1. À vrai dire, la philosophie sociale de Stirner, celle de Nietzsche et celle de M. Maurice Barrès (dans Un homme libre et dans l’Ennemi des lois) mériterait plutôt, comme on le verra d’après les distinctions que nous allons établir, l’épithète d’individualisme que celle d’anarchisme.