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ment aux secrets de son art. Dans la Lettre à M. Paulin Paris, M. Génin me disait : « Monsieur, vous qui êtes un grand écrivain, je vais vous parler de M. Paulin Paris qui est un grand sot. » Cela était déjà très-ingénieux ; mais la Lettre à un ami l’est davantage. « Monsieur, » dit-il tout de suite et sans préparation, « j’ai lu l’article de M. P. Paris ; diatribe s’entend.... » Et de poursuivre ; trouvant, dès la première page, moyen de me faire regretter de n’avoir pas le droit de citer Horace ou Virgile. C’est quand il définit mon premier article :

Judicium Paridis spretæque injuria formæ.

Je voudrais bien savoir pourtant quelle est cette beauté méconnue à laquelle j’aurais fait injure, dans la Bibliothèque de l’École des chartes. Est-ce celle de Roland ? rien de moins probable ; aucun auteur, aucun poëte n’a parlé des attraits et des grâces du terrible neveu de Charlemagne : il n’en est pas dit un seul mot dans le texte de Théroulde. Il faut donc que j’aie méconnu la beauté de M. Génin. En tout cas, si l’injure est réelle, elle est involontaire, et j’en ai tous les regrets du monde. Mais savez-vous qu’avec ses belles citations latines, il est bien malin, M. Génin ?

Il se plaint ensuite de ma théorie de la reconnaissance. C’est, à l’entendre, « un traité des Bienfaits moins calme que celui de Sénèque. » Je répondrai que peut-être Sénèque n’avait pas alors devant les yeux un bon portrait de l’ingratitude ; et puis, le point important, c’est que mon traité soit philosophique et bien raisonné. « Quoi ! reprend M. Génin, je devais donc dire à M. Michel : Monsieur, votre édition me paraît insuffisante ; auriez-vous la bonté de me permettre d’en faire une meilleure où vos erreurs seraient exposées ? » J’avoue que M. Génin n’a dit ni fait rien de semblable. Il s’est emparé du travail, sans en demander la permission, et il a fait plus mal que M. Michel. Mais qui l’empêchait de dire à celui-ci : « Votre édition me paraît imparfaite ; je vous demande la permission d’en préparer une autre dans laquelle je signalerai ce que je dois à la vôtre, tout en cherchant à mieux faire ? » Une telle conduite n’aurait eu rien que de convenable, et c’est ainsi que nous aurions agi, nous gens de la meute (car tous ceux qui n’admirent pas le Théroulde appartiennent à la meute). Mais, par un scrupule qui dépend de sa façon de voir, M. Génin a préféré tout prendre sans rien dire, persuadé qu’il rentrait dans son bien dès qu’il entrait dans celui