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aucun compte du premier travail, et le procédé que je lui reprochais, il n’a pu réellement s’en justifier.

J’aime mieux lui accorder qu’il y avait peut-être un peu d’exagération dans l’histoire de son opéra de Sedaine, musique de Monsigny, non de Duni. Je me souviens, en effet, d’avoir autrefois assisté à la répétition de la musique de M. Génin ; je m’en suis tenu là, et M. Génin ne peut avoir oublié que tous les assistants lui firent alors de grands compliments sur les parties de l’ancienne composition qu’il avait conservées. De ce nombre était, il me semble, la jolie romance : Jusques dans la moindre chose. Pour le reste, c’était du récitatif, c’est-à-dire des phrases musicales d’introduction, de raccord, sans prétention et sans caractère. M. Génin tient à honneur d’avoir laissé sur l’affiche le nom de Sedaine et de n’y avoir pas mis le sien ; l’édition de la Chanson de Roland prouve qu’il a bien changé de façons et de mœurs depuis ce temps-là. Ainsi rafistolé, l’opéra fut joué deux fois, trois fois au plus. C’est donc le prendre un peu bien haut que de s’écrier comme il fait : « Le nom de Sedaine a toujours été sur l’affiche. » M. Génin ne veut plus que je parle musique : j’y consens, à la condition qu’il ne s’avisera plus de se ménager de petites parts d’auteur dans les opéras de Sedaine et de Monsigny.

Je lui soutiendrai encore que currere post aliquem est un barbarisme qui sent pour le moins autant l’espagnol que le français ; que ce n’est pas là mon latin, mais celui du faux Turpin ; et qu’enfin le mot espagnol despues répond à notre après ou la suite, aussi bien que detras. Quand même il aurait cru reconnaître une fausse acception de ce mot despues, je pense qu’il pouvait me reprocher cette faute avec moins de pompe qu’on va le voir : « L’Espagnol qui a fourni ce renseignement est un Gascon ; à moins que P. Paris n’ait fabriqué cet idiotisme avec un dictionnaire. Car M. P. Paris semble avoir adopté pour règle de conduite le mot de Danton : De l’audace, de l’audace, et encore de l’audace ! » (Voyez combien de choses dans la hardiesse d’ouvrir un dictionnaire espagnol !) « J’ignore ce que vaut cette maxime en politique, mais en philologie elle est détestable. » À mon tour, je dirai qu’en philologie l’emploi en serait assez plaisant, mais qu’en politique, la France sait par expérience combien elle est détestable.

Au reste, M. Génin nous le dit ; il se consolera du désagrément que m’a causé la lecture de ses vers blancs, si d’autres que moi