Page:Paris, Paulin - Réimpression d’anciennes facéties.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et qui vont volontiers chercher en la bource d’autruy ce qu’ils n’ont iamais mis dans la leur, et adieu mon argent,… madame la seruante… commencera à s’en prendre à moy qui n’en peut mais, me chantant des iniures en triple, et voir quadruple… Ouy vrayment, dira-elle, c’est vn bel homme : Ie me serois bien passé de son plaisir, beau plaisir… Ie voudrois qu’il fust pendu… Si c’estoit à moy à faire, ces races n’entreroient iamais en France, etc., etc. »

À la suite des Iustes plaintes Tabarin a placé une petite collection de prétendus secrets, comme pour faire éternuer tous ceux qui sont dans un bal : « Prenez euforbe, piretre, et ellebore blanc, de chascun esgalle portion, reduisés le tout en poudre bien subtile, et d’icelle, auecque vn tuyeau de plume soufflerés par la chambre, où il y aura du monde, et vous verrés l’experience. » — « Pour empescher vn pot de bouillir. — Pour tuer et plumer vn oyseau tout d’vn coup. — Pour faire tenir un œuf au bout des doigts, etc., etc. » Tout cela formant 16 pages petit in-8o, et sorti des belles presses de M. Crapelet, au nombre de 62 exemplaires, se trouve ou se trouvait, comme toutes les autres facéties, chez Jannet, rue des Bons-Enfants, no 28.

Passons à la Mitistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon, trouuée depuis n’aguère d’un exemplaire escrite à la main. De la valeur de dix atomes pour la recreation de tous bons fanfreluchistes. Au point de vue de l’art, comme on dit si bien aujourd’hui, il ne faut pas juger avec trop de sévérité cette grave composition. Du moins, avant d’accuser l’exagération des prommesses du titre, ne doit-on pas oublier que c’est le premier livre d’un ouvrage dont nous aurions probablement la fin si le commencement avait été mieux accueilli. L’auteur, Guillaume des Autelz, espérait apparemment un succès égal, ou peu s’en faut, à celui du Pantagruel. En emboîtant le pas du curé de Meudon, en faisant, après lui, pleine litière de jeux de mots et de turlupinades, d’intentions railleuses et de recherches grammaticales, il croyait, le pauvre homme, agréer facilement à tous les thélémites et joyeux drilles de son temps ; il eut au moins le bon esprit de s’arrêter en voyant qu’il avait compté sans son hôte. En pareil genre, il n’y a de place que pour une renommée : c’est une débauche d’esprit d’imagination