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MERLIN.

à prendre sur les hommes une autorité souveraine. »

Un autre ennemi dit alors : « Je n’ai pas le pouvoir de faire concevoir une femme mais si je l’avais, je sais une fille d’Ève qui se prêterait volontiers à nos vues. — Écoutez-moi, » dit un autre, « il en est un, parmi nous, qui prend à son gré la forme humaine et s’approche quand il veut des femmes. Ne pourrait-il, à la condition de ne pas laisser soupçonner nos desseins, faire ce que tu demandes ? L’être conçu de cette manière pourrait, en vivant parmi les hommes, répondre à toutes nos espérances. »

Ainsi, dans l’espoir de tromper le Dieu tout-puissant notre père, le grand Ennemi résolut de former un homme doué de son sens et de sa malice. Combien fut étrange en cela sa folie et son aveuglement, de penser cacher ses trames au Tout-Puissant qui voit tout ! L’assemblée s’étant séparée après ce grand conseil, l’Esprit qui disposait à son gré d’une femme[1] alla la trouver.

  1. Cette femme, dans l’ancien poëme anglais dont Georges Ellis a donné l’extrait, est chaste et belle. Cela jure avec la pensée de l’auteur original, qui n’admet pas que Satan pût avoir la moindre influence sur ceux qui vivaient en bonnes œuvres. – Plus loin, quand la mère de Merlin conserve son ancienne pureté, après l’attentat