Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
LE CHÂTEAU DES MARES.

vair et le drap écarlate. Elles les posèrent aux épaules des rois et du seigneur châtelain. Le roi Ban, de disposition plus amoureuse que son frère, se plut à regarder les pucelles, leur gracieuse et simple contenance. L’aînée, qui n’avait pas encore quatorze ans était la fille du châtelain et la plus belle des trois. Merlin ne la vit pas non plus sans étreinte de cœur : « Par ma foi ! » se dit-il, « bien heureux serait qui pourrait s’ébattre avec telle pucelle : et, n’était le grand amour que je porte à Viviane, ma mie, je la tiendrais cette nuit même entre mes bras. Mais au moins ménagerai-je ce bonheur au roi Ban. » Aussitôt il fait une conjuration à l’effet de rendre éperdûment amoureux l’un de l’autre le roi Ban et la demoiselle.

Les manteaux posés sur les épaules de nos deux rois, Agravadain s’assied entre eux et commande de hâter le manger. Puis, regardant plus attentivement ses hôtes, il les reconnaît et leur fait encore plus grand honneur que devant. Les nappes sont mises, on corne le souper. Les deux rois, assis au chef de la table, vers l’entrée, invitent Agravadain à prendre place, lui et sa femme épousée, belle dame à peine âgée de vingt-six ans. Quant aux chevaliers de la suite, ils vont occuper d’autres tables à distance. Merlin se tient debout devant