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LE GÉANT SAPHARIN.

mal en point la plupart des chevaliers de la Table ronde et des compagnons d’Artus. Leodagan est une seconde fois abattu et foulé aux pieds. C’en était fait de lui si Artus ne fût accouru, résolu de combattre le géant. Il prend une lance grande et forte, à fer tranchant, et s’en vient à l’endroit où gisait le roi de Carmelide. « Sire, » lui crie le roi Ban, « à qui voulez-vous donc jouter ? Est-ce à ce géant deux fois plus grand et plus fort que vous ? Vous êtes trop jeune, laissez-moi ce soin-là ; je suis plus grand que vous et votre aîné. — Dieu m’abandonne, » répond Artus, « s’il m’arrive jamais d’envoyer quelqu’un combattre à ma place ! Plus ce géant est redoutable, plus je sens l’envie d’essayer ce qu’il vaut : je ne saurai jamais ce que je vaux moi-même si je ne me mesure à lui. » Dès que Sapharin vit venir Artus, il s’arrêta : tous ceux qui l’entouraient, Saisnes et Bretons, s’arrêtèrent également pour voir qui allait l’emporter, du jeune et petit chevalier, ou de Sapharin, le plus grand et le plus fort de tous les Saisnes. Ils laissent courre leurs chevaux, heurtent des lances leurs écus, au point de les trouer ou les rompre. La lance de Sapharin se brise la première, après avoir atteint Artus au flanc gauche ; mais celle d’Artus perce l’écu et le haubert, pénètre et traverse les entrailles ; Sapharin