Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
188
LE ROI ARTUS.

seau est bon chevalier ; tout roi couronné que vous êtes, il est encore plus riche d’amis, de terre et de parents que vous-même. Il n’a pas encore pris femme ; si nous allons par le pays cherchant les aventures, c’est dans l’espoir de rencontrer un puissant baron qui consente à lui donner sa fille en mariage. — Eh ! sire Dieu, pourquoi tant chercher ? » s’écria Leodagan ; « j’ai la plus belle fille qui soit en terre, la plus sage, la mieux enseignée du siècle. Sa parenté, son héritage, ne diminuent rien de sa valeur : si tel est votre plaisir, je la lui donne à femme, et toute ma terre après ma mort, car je n’ai pas d’autre héritier qu’elle. » Merlin répondant que l’offre n’était assurément pas à refuser, Leodagan va lui-même prévenir sa fille, en l’avertissant de revêtir ses plus riches vêtements. Il lui prend la main, la conduit où l’attendaient les quatre compagnons ; en même temps entrent dans la salle les plus hauts barons de sa terre et tous les chevaliers de la Table ronde. Leodagan parlant assez haut pour être entendu de tous : « Sire damoisel, » dit-il, « que je ne sais encore nommer, venez avant, et recevez à femme ma bele et courtoise fille, avec le don, après ma mort, de tout l’honneur qui dépend de moi : je ne pourrais la donner à plus prud’homme. »