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GUIOMAR ET MORGAIN.

un simple chevalier n’aurait pas assez de gravité pour en imposer aux rois qui nous font la guerre ; tandis que monseigneur Loth, longtemps de leur conseil et de leur société, sera mieux écouté, exposera mieux ce que demande l’intérêt commun et comment peut être gardé l’honneur de leurs couronnes. — Puisque tel est votre avis, » dit le roi Loth, je m’y accorde volontiers, à la condition que mes quatre fils seront du voyage. » La condition affligea le roi Artus ; il aimait tant Gauvain qu’il ne pouvait se résoudre à le laisser partir. Enfin il céda ; le roi Loth et ses quatre fils se préparèrent à partir dès le lendemain au point du jour.

Et comme la compagnie se séparait pour aller reposer, Guiomar, le cousin de la reine, demeura seul dans une garde-robe basse avec Morgain, la sœur d’Artus. Morgain dévidait alors un fil d’or dont elle voulait faire une coiffe pour la femme du roi Loth, sa sœur. La demoiselle savait beaucoup de lettres, sa voix était douce et tendre, son esprit des plus enjoués. Merlin lui avait appris les grands secrets d’astronomie ; elle avait encore ajouté à ces premières leçons : si bien que les gens du pays ne la nommaient que Morgain la fée. Elle était brune de visage, droite et flexible, d’un parfait embonpoint, ni trop maigre ni trop grasse. Sa