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LE ROI ARTUS.

bien ; et, si tu prétends y rien réclamer, c’est par bataille qu’il conviendra de le faire. La force des armes l’avait donnée aux Romains, la force des armes les en a dépouillés. C’est maintenant aux armes à décider entre les anciens et les nouveaux conquérants. »

L’Empereur eut peine à contenir sa colère en entendant de telles paroles. « Assurément, » dit-il, « la terre de Gaule est de mon domaine, et je ne la céderai pas. Si les Bretons l’ont injustement surprise, je saurai la reprendre, et dans un temps prochain. » Près de l’Empereur se tenait un sien neveu, nommé Quintilius, impatient de contradiction : irrité de la fierté des messagers, il s’avisa de dire : « Je reconnais bien ici les Bretons : lents à l’action, prompts à la menace. » Il en eût dit davantage, mais Gauvain ne lui en laissa pas le temps. Il leva son épée, et d’un seul coup lui sépara la tête du corps. « Maintenant, à cheval ! » cria-t-il à ses compagnons. Et, sans prendre congé, ils sortent de la tente et remontent, les écus au cou, les lances dressées. « Arrêtez-les ! arrêtez-les ! criait l’Empereur ; qu’ils ne nous échappent pas, qu’ils paient leur insolence ! » De toutes parts on entendit : « Aux armes ! aux chevaux ! courez, arrêtez-les » Cependant les messagers gagnaient du