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MERLIN.

les messagers envoyés par Vortigern font rencontre de Merlin :

« Il avint un jor que li messagier passerent un grant champ à l’entrée d’une vile, et en cel champ avoit grant plenté d’enfans qui jouoient à la coule. Et Merlins qui toutes les choses savoit vit cils qui le requeroient ; si se trest près de l’un des plus riches de la vile, porce que il savoit bien que cil le mesameroit. Si hauce la croce, et fiert l’enfant en la jambe, et cil comence à plorer et à Merlin reprochier qu’il est nés sans pere. Quant cil qui esgardoient l’oïrent, si alerent vers celui qui ploroit et demandèrent : Qui est cil qui t’a feru ? Et il lor dist : Ce est le fil d’une femme qui onques ne sot qui l’ot engendré. Quant Merlins l’oï, si vint vers els riant et lor dist : « Je sui cil que vous querez ; et vous avez juré au roi Vortigern que vos m’ocirez et que vos li porterez mon sanc… »

Le retour des messagers est embelli d’agréables preuves de la prescience de Merlin. Après avoir traversé le marché d’une ville, ils rencontrent un vilain qui venait d’acheter des souliers neufs et une large pièce de cuir. Merlin, en le voyant passer, se prend à rire, et les messagers du roi lui en demandent la raison. — « Vous voyez ce vilain ? » dit-il ; « suivez-le, il sera mort avant de rentrer dans a maison. » Deux