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MERLIN PROPHÈTE57

peuple ne en cort, se obscurément non ; que il ne sauront que je dirai devant que il le verront. » Merlin a tenu parfaitement sa parole, et tous les devins, ses devanciers ou successeurs, ont imité son exemple.

Mais le roi Pendragon et tous les hommes informés de la résolution de Merlin commencèrent dès ce moment à garder note de ce qu’il avait dit ou dirait encore. « Lors dist chascuns par soi que jamès ne li oront chose dire, qui à avenir soit, que il ne la metent en escrit. Et ensi fu commenciés li livres des Prophecies de Merlin ; ce que il dist du roi d’Engleterre et de toutes les autres choses dont il parla puis. Et por ce, ne dist pas icest livres qui Merlins est ne qui il fu, que il ne metoient en escrit se ce non que il disoit… Et quand Merlins dist à Blaise que il devoient metre en escrit ses paroles ; Blaises li demanda : Feront-il tel livre comme je ? Et Merlins respont : Nenil ; il ne metront en escrit se ce non que il ne porront conoistre jusque il soit avenu. Et Merlins comença lors à dire les oscures paroles dont li livres fu fais de ses prophecies, si que l’en ne les poïst conoistre tant que elles fussent avenues[1]. »

  1. Boron veut expliquer ici comment le livre des Prophéties (déjà rédigé plus ou moins sincèrement en latin par Geoffroy de Monmouth, d’après la tradi-