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les enfances.

rons m’entendent : désormais vous n’aurez pas de pire ennemi que moi. Mais, avant de retourner à mes amis, je dois vous semondre d’une chose : comme roi, vous m’avez promis de tenir ma prison dès que je vous le demanderais, je vous le demande aujourd’hui ; vous allez me suivre, à peine d’être parjure. — Oh ! répond Claudas, je ne l’ai pas entendu ainsi. J’ai promis à l’un de mes hommes, non à celui qui a cessé de l’être. — Puisque vous ne tenez pas compte de votre serment, que la honte en demeure sur vous ! vous n’êtes plus digne de porter couronne. J’ai le droit d’oublier que vous avez été pour un temps mon seigneur ; si l’occasion s’en présente, je vous combattrai, je vous tuerai, sans craindre aucun jugement de cour. Et si je meurs avant vous, mon âme ne sera plus rien, ou je reviendrai de l’autre monde pour vous frapper[1]. Priez en attendant pour l’âme de vos trois otages, et non pour leur corps ; car, avant de me revoir, nos mangonneaux auront fait rouler leurs têtes jusqu’à l’entrée de votre pavillon. »

Cela dit, il broche son cheval des éperons et s’éloigne à toute bride : plus de vingt chevaliers le poursuivent, les glaives tendus. Il allait

  1. « Et se vous remanés après moi vivant, si attendez de moi la mort, ou [illisible] de cors sera noient. » (Msc. 339, fo 15.)