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lancelot du lac.

aveuglément jeté au milieu d’eux ; mais Pharien survint, mit la main au frein de son cheval et le fit rebrousser vers la ville. Ils rentrèrent, fermèrent les portes, baissèrent les herses et se hâtèrent de remonter dans la tour pour se débarrasser de leurs écus en lambeaux, de leurs hauberts démaillés et de leurs heaumes déchiquetés. On pouvait, au sang ruisselant ou caillé de leurs blessures, voir qu’ils ne revenaient pas d’une partie de fête.

Les trois ôtages de Claudas, enfermés dans une chambre dont Pharien gardait les clefs, les avaient entendus revenir, et n’auguraient rien de bon de leur retour. « Sire oncle, » dit Lambègue, après avoir un instant respiré, « oh ! pour Dieu ! laissez-moi punir sur eux la félonie de Claudas. — Non, beau neveu, le méfait de leur seigneur n’est pas leur méfait ; le roi Claudas ne m’a fait en sa vie qu’une seule honte, dont je dois me taire, et ces prud’homes n’en sont pas responsables. » Comme il arrêtait encore une fois la fureur de Lambègue, voilà qu’un écuyer vient l’avertir que Claudas demandait à lui parler sous les murs de la ville. Il remonte, vient à la porte, et reconnaît devant lui le roi étendu dans une litière. Un chevalier lui fait signe d’approcher : « Pharien, » lui dit Claudas, « donnez-moi des nouvelles de mes otages sont-ils encore en vie ? — Oui, sire. » Le visage du