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les enfances.

place, vous seriez heureux de vous livrer. Puis-je craindre d’être honni, en faisant ce que vous auriez voulu faire ? — Hélas ! Lambègue, je vois que tu vas à la mort, et que rien ne pourra te garantir ; mais, au moins, chevalier ne mourra-t-il jamais à plus grand honneur, puisque ta mort sera le salut de tout un peuple. »

Il fallait maintenant avoir raison de la résistance de tous les barons et des bourgeois de la ville, qui ne voulaient à aucun prix racheter leur vie par celle de leur plus vaillant chevalier. Enfin, Lambègue leur persuada de le laisser partir et Pharien en l’embrassant lui dit : « Beau neveu, vous allez à la mort la plus glorieuse que chevalier puisse souhaiter ; mais il faut vous y préparer devant Dieu, aussi bien que devant les hommes. Avant de rendre votre belle âme à notre Seigneur Dieu, vous vous confesserez. — Ah ! sire oncle, répond Lambègue, je ne crains pas de mourir ; je sais trop que, si Dieu vous prête vie, ma mort sera vengée. Mais savez-vous ce qui me déchire et me tourmente ? c’est, en me confessant, la nécessité d’accorder le pardon à mon plus mortel ennemi. Voilà une angoisse plus insupportable que tous les supplices. — Il le faut, beau neveu. — Si vous le voulez, je dois y consentir, car je veux, en vous recommandant à Dieu, bel oncle, demeurer en sa grâce et en la vôtre. »