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l’adoubement.

accueillez la demande de cette demoiselle ; il ne faut pas éconduire un jouvenceau de si belle apparence. » Artus promit donc, et la dame après l’avoir remercié avertit le beau valet de retenir les deux sommiers, un superbe palefroi, et les quatre écuyers ; puis, prenant congé du roi, elle retourna sur ses pas, malgré les instances qu’on lui fit de demeurer. « Pour Dieu ! dit Artus veuillez au moins nous apprendre comment nous devons vous appeler. — Sire, on m’appelle la Dame du lac. » Le roi n’avait jamais entendu prononcer ce nom. Il reçut les adieux de la noble inconnue que le beau valet convoya assez longtemps. Avant de le quitter : « Fils de roi, lui dit-elle, vous venez de la meilleure race du monde. Montrez-vous digne de votre naissance. Soyez aussi haut de cœur que vous êtes beau de corps : ce serait trop grand dommage si la prouesse était en vous au-dessous de la beauté. Dès demain soir vous demanderez la chevalerie au roi Artus : une fois armé, ne vous arrêtez pas une seule nuit à son hôtel ; allez en tout pays chercher aventures c’est le moyen de monter en prix. Demeurez en place le moins que vous pourrez, et défendez-vous de dire votre nom jusqu’à ce que d’autres que vous le fassent connaître. Si l’on vous presse, répondez que vous l’ignorez et que vous avez été nourri dans cette igno-