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lancelot du lac.

un chevalier armé de toutes armes s’arrête et lui demande où il va. — « À mes affaires. — Quelles affaires ? — Que vous importe ? — Oh ! je sais que vous désirez voir une belle demoiselle gardée par le grand chevalier. Eh bien, je puis vous satisfaire ; non pas ce soir, mais demain matin. D’ici là, je vous conduirai, si vous voulez, vers une autre demoiselle non moins belle. Mais, il faut tout vous dire : la demoiselle repose sur une pelouse au milieu d’un lac, un sycomore la défend des rayons du soleil. À l’entrée de chaque nuit deux chevaliers arrivent, passent le lac, l’emmènent et le lendemain matin la ramènent où ils l’avaient prise. Pour la délivrer il faut que deux chevaliers osent défier ceux qui la retiennent et qui sont d’une vaillance éprouvée. Voulez-vous tenter l’aventure ? Je m’offre pour votre second. »

Le Beau valet n’hésite pas à suivre l’inconnu. Ils arrivent devant le lac à l’entrée de la nuit, et ne tardent pas à entendre le pas des deux chevaliers. « Les voici, dit l’inconnu, hâtez-vous de prendre épée et glaive, et de vous couvrir d’écu. » Le Beau valet lace son heaume, et saisit un épieu de la main de ses écuyers. Il n’avait pas d’épée, dans son impatience il oublia même de prendre un écu. Le défi fut jeté aux deux gardiens de la demoiselle. Du premier choc, un d’eux atteignit le Beau valet en plein haubert ;