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la reine aux grandes douleurs.

Tant dit le roi Claudas que le sénéchal fut contraint de se soumettre à l’épreuve. Les gages furent mis entre les mains du roi, qui dit en les recevant : « Sénéchal, je vous tiens pour chevalier loyal envers moi, comme vous l’avez été envers votre premier seigneur. Je vous investis du royaume de Benoïc, avec les rentes et revenus qui en dépendent. Et, dès que vous aurez convaincu de fausseté votre accusateur, je recevrai votre hommage. Mais s’il arrive que vous soyez mis hors des lices, c’est Banin qui devra tenir, au lieu de vous, le royaume de Benoïc. »

Le combat eut lieu à quatre jours de là dans la prairie de Benoïc, entre Loire et Arsie. Banin eut raison de la trahison du sénéchal, dont il fit voler la tête sur l’herbe sanglante. Quand il vint reprendre son gage, Claudas l’accueillit avec honneur ; car, s’il pratiquait volontiers les traîtres, il ne leur accordait jamais sa confiance. Il offrit donc au vainqueur l’honneur du royaume de Benoïc.

« Sire, répondit Banin, je suis resté près de vous jusqu’à présent, dans l’espoir de satisfaire au droit, et de punir le traître qui vous livra le château de Trebes. J’ai, grâce à Dieu, rempli ce devoir ; rien ne doit plus me retenir près de vous. Je n’ai pas cessé d’être au roi Ban et je ne puis voir en vous qu’un ennemi ;