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la douloureuse garde.

qui se hâta de monter un grand destrier qu’on lui amenait. « Sire, dit-il au Blanc chevalier, nous ne serions pas à l’aise ici ; descendons le tertre pour mieux nous escrimer. »

Ils arrivent au bas du tertre sur un terrain plus uni : tout aussitôt, l’écu en avant, l’épieu tendu, ils courent l’un sur l’autre. La pointe des glaives porte sur les écus ; celle du champion de la Douloureuse garde se détache du bois ; le Blanc chevalier garde son arme entière et, frappant sur la boucle de l’autre écu, il en ouvre la cuirée, écartelle les ais et fausse le haubert. Les mailles se détendent, le fer pénètre dans les chairs et le champion est jeté hors des arçons pour ne plus se relever : il était mort.

Le Blanc chevalier le croyant encore vivant descendait pour l’achever ou le recevoir à merci, quand il entend un second bruit de cor : il retire son glaive à la hâte de la plaie saignante, pour attendre dignement le second champion. Celui-ci manque sa visée et reçoit une furieuse atteinte en plein écu : son haubert n’est pas entamé, mais à la passe de retour il est arrêté, saisi corps à corps, soulevé et jeté par-dessus la croupe de son cheval. Le Blanc chevalier descend, arrache le heaume, et allait lui trancher la tête, quand il l’entend demander grâce ; il lui pardonne. Le cor résonne encore : un troisième champion paraît : le Blanc chevalier reprend son glaive et le