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lancelot du lac.

les glaives ! ils font défaut quand on a le plus besoin d’eux. » Et comme il mettait l’épée au vent, celui qu’il venait d’abattre se relève et cherche à gagner le large. « Non pas ! » lui crie le Blanc chevalier, en courant sur lui et l’abattant une seconde fois d’un coup d’estoc. « Mais, dit le second arrivé, en voulez-vous combattre deux à la fois ? — J’en défie deux, trois, tous les autres ensemble ; faites ainsi que vous l’entendrez, et défendez-vous comme vous pourrez. »

Revenu vers le second, il le jette à terre, après lui avoir coupé le visage en deux. Il descend, lui demande s’il veut fiancer prison et, à défaut de réponse, il lui donne le coup mortel. Cependant il commençait à sentir la fatigue : son écu troué de tous côtés ne tenait plus aux ais : « Sire, » dit en courant vers lui la demoiselle du lac, « prenez cet écu à la bande vermeille. » Et elle le lui passe au cou. À peine en est-il couvert qu’il se sent dispos comme au point du jour. Impatient de mettre à profit ce retour de force, il lance son cheval vers le haut du tertre, sans attendre qu’un nouveau champion se détache pour remplacer le dernier vaincu. Il frappe d’un bras vigoureux sur les heaumes qu’il fend, sur les hauberts qu’il démaille, sur les écus qu’il écartelle. Les chevaliers qu’il affronte reculent ou descendent le tertre pour éviter sa terri-