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lancelot du lac.

sous lui. Les écuyers accourus le trouvent embarrassé sous les flancs de l’animal. On le dégage avec peine, on relève le cheval, et, comme il venait de remonter, il fait rencontre d’un homme de religion auquel il demande la voie de la maison la plus voisine. « Écoutez, dit le saint homme, un bon conseil. Ne chevauchez jamais après les Nones du samedi ; autrement il vous arrivera plus de mal que de bien. » Il les mène dans l’abbaye où lui-même était reclus ; le Blanc chevalier y resta dix jours, baigné, ventousé, mais non guéri. En quittant cette maison, il échangea l’écu d’argent à trois bandes vermeilles pour un autre de sinople à la bande blanche de belic ; ne voulant plus rien devoir aux vertus surnaturelles du premier écu.

Le jour même, il rencontre un chevalier armé qui lui demande à qui il est. — « Au roi Artus. — Dites alors au plus vain des rois. Sa maison est le rendez-vous de tous les vaniteux. L’autre jour un chevalier navré avait fait jurer à l’un de ceux qui vivent à cette cour, qu’il le vengerait de quiconque dirait mieux aimer que lui celui qui l’avait navré : c’était un engagement bien déraisonnable ; Gauvain lui-même n’en serait pas venu à son honneur. — Seriez-vous, sire chevalier, de ceux qui aiment moins le navré que celui qui l’avait navré ? — Oui, sans doute. — Et moi, je suis celui qui