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lancelot du lac.

en lui toute la sagesse du monde. — S’il en eût eu quelque peu, reprend Yvain, Dagonnet ne l’eût pas ramené jusqu’ici. Voyons, chevalier, qui êtes-vous ? — Qui je suis ? un chevalier. — Je le vois bien ; et que demandez-vous ? — Je ne sais. — Attendez-vous quelqu’un ou quelque chose ? — Vraiment, je ne sais que dire. »

« Madame, dit Yvain, j’ai promis à Dagonnet de le garder ; mais, si vous voulez me servir de garant, je le laisserai partir. — Oh ! je puis, sans trop m’engager, répondre de lui à Dagonnet. » Messire Yvain relève la lance, la rend au prisonnier de Dagonnet, le conduit au bas des degrés, et lui montrant le gué : « Beau sire, voici le chemin qu’a pris celui que vous vouliez rejoindre. »

Cette fois, le prisonnier de Dagonnet passa le gué et entra dans la forêt, tandis que messire Yvain, curieux de savoir ce qui adviendrait de lui, montait à cheval sans chausser d’éperons, et le suivait à distance. Il le vit approcher d’un tertre sur lequel flottait un gonfanon. C’était l’enseigne du chevalier dont il avait perdu la trace, et qui justement alors descendait de leur côté. « Ah ! sire, lui dit le prisonnier de Dagonnet, je vous rejoins enfin. Que me vouliez-vous, en m’engageant à vous suivre ? — Avant tout, je veux savoir quelle est votre prouesse. —